à mon ami, à notre ami à toutes et tous, le valeureux mousquetaire :
Signes.
Je trace les signes d’encre d’un pays de nuages.
Loin des chromos d’azur d’agence de voyages.
Là ou des hommes gais ont les yeux tristes.
Non pas éteints par des visions terribles …
Non. Les yeux chargés d’un passé de servitudes, de devoirs,
D’honneurs rendus à des seigneurs de guerre ou d’argent.
Ignorés, méprisés terriblement…
Je trace les signes d’encre d’un pays de lumière voilée.
Loin des soleils claquants de Méditerranée.
Là ou des hommes vrais on le goût des femmes chaudes et vivantes…
Elles ont les yeux paisibles et doux.
Elles ont tout connu, tout compris et tout pardonné …
Leurs cœurs malmenés et cent fois consolés donnent à leur démarche un port de reine.
Elles sont la véritable noblesse que l’on ne voit nulle part ailleurs.
Je trace les signes d’encre d’une vieille terre. Au Septentrion de l’Europe.
Un pays de rêveries à défaut d’être pays de rêves.
Là où les couchers de soleil sont les néons des cafés accueillants.
La fraîcheur du climat cède à la douceur des mots.
Des mots dits, chantés, déclamés ou susurrés.
Des mots d’amour, de colère ou d’espoir,
Des mots pour bâtir et y croire encore.
Je trace les signes d’encre d’un quartier, d’une rue ou d’un village, qu’importe…
Je ne sais rien faire d’autre que tracer les signes
Ecrire pour évacuer la haine, le chagrin et la mort.
Ecrire pour aimer, pour être humain, écrire pour tenter de comprendre les hommes.
D’autres hommes qui tentent de survivre malgré eux, s’accrochant de leurs ongles, désespérés.
Aux nuages gris d’un ciel capricieux, le ciel d’un pays si rude et si vivant.
J’écris pour vous aimer, toutes et tous, malgré nos différences,
Malgré nos peurs et nos actes maudits.
Malgré mes impatiences et mes angoisses d’homme fou.
Fou d’humanité, de paroles, de gestes vrais de regards forts. De vie.
Je trace les signes sur un écran, sur une feuille blanche.
Comme on trace à la craie sur le mur de l’usine, une révolte, un cri :
« Aimez-nous ! » nous l’avons mérité…
Regardez nous, regardez vous, nous sommes vivants.
Beaux, de la beauté sublime que donne le mouvement,
« Osez, osons ! »
Qu’importe si nous tombons, maintenant ou dans un an.
J’écris